Dr. Raúl Olivares.
Cet article pourrait également s’intituler «les deux semaines les plus longues », car pour la personne qui est impliquée dans un traitement de fertilité, ces deux semaines le sont vraiment.
Les deux semaines d’attente sont celles entre le transfert d’Embryons et le test de grossesse.
Nous expliquerons ce qui peut et ce qui ne peut pas se passer pendant cette période, les symptômes ou les signes pouvant apparaitre et nous verrons si ceux-ci peuvent être un bon ou un mauvais pronostic. Nous parlerons également de quand réaliser le test de grossesse pour que celui-ci s’avère positif (et qu’il ne s’agisse pas d’un faux positif) et donnerons d’autres informations utiles.
Le meilleur conseil que l’on puisse donner à une patiente pendant ces deux semaines est d’essayer de rester calme et de mener une vie normale. De cette manière, une fois que l’on aura établit la manière dont vivre cette période (dans la tranquillité), nous passerons en revue les différents aspects de ces quinze jours.
1. Repos
Après le transfert d’embryons je dis souvent à mes patientes qu’elles sont “techniquement enceintes”, bien que l’embryon puisse encore mettre deux ou trois jours avant de s’implanter (cela dépend si le transfert à lieu deux ou trois jours après l’obtention des ovules). C’est pourquoi les conseilles sont les mêmes que ceux donnés aux femmes enceintes: éviter de faire de grands efforts physiques ainsi que les situations à risques (ce n’est pas le meilleur moment pour commencer à pratiquer le vélo en montagne). Mises à part ces petites limitations tout leur est permis. Il n’est pas prouvé que le repos absolu augmente les chances de grossesse. Quoiqu’il en soit on recommande quelques heures de repos relatif afin de réduire les contractions de l’utérus qui peuvent avoir lieu après le transfert embryonnaire. En ce qui concerne le travail (y-compris les voyages en avion), si les patientes ont l’intention de continuer à travailler dans le cas où le test s’avérerait positif, je pense qu’il vaut mieux qu’elle travaille aussi ces jours-là. En définitive, le test est positif 10 jours après l’implantation de l’embryon, la situation est donc la même avant et après connaitre le résultat du test. C’est pourquoi, il n’y a pas de raisons d’observer 15 jours de repos absolu (comme le recommandent certains médecins) pour ensuite mener à nouveau une vie normale alors qu’en réalité rien ne change une fois que le test est positif.
2. Stress
Nous poursuivons avec le sujet le plus difficile et controversé. Sur Google on peut trouver de nombreux articles affirmant que le stress ne joue pas sur le résultat (British Medical Journal) et d’autres qui disent le contraire (Fertility and Sterility). Pour nous le stress est inhérent à tout traitement de fertilité. Il est impossible de ne pas se sentir stressée alors que le jour tant attendu du test de grossesse est si proche. Nous ne croyons donc pas que le stress puisse réduire les taux de grossesse, nous croyons qu’il “fait partie des traitements” et qu’il est impossible de ne pas le ressentir avant le test de grossesse. Comment lui faire face, c’est une autre question, ainsi que comment se sentent les patientes pendant le traitement. C’est là que le soutient psychologique et les procédés tels que l’acupuncture (nous consacrerons un article complet à cette technique) et les médecines alternatives peuvent représenter une aide importante.
3. Symptômes et signes
Je suis persuadé que la plupart de nos lecteurs ont déjà connu quelqu’un qui avait le sentiment d’être enceinte avant un test de grossesse négatif ou quelqu’un n’ayant aucun symptôme alors qu’elle était enceinte de jumeaux.
Malheureusement, il n’existe pas de symptômes ou signes pouvant anticiper le résultat du cycle. Surtout parce que la plupart des symptômes habituels (somnolence, nausées...) et signes (rétention d’eau, ballonnements intestinaux...) d’un début de grossesse sont produits par des hormones et que ces niveaux d’hormones sont très élevés après un traitement de fertilité; suffisamment élevés pour imiter ce qui se passe durant une grossesse même si celle-ci n’a pas lieu.
Heureusement, il en va de même pour les “supposés” mauvais signes (crampes, saignements, ou simplement “pas de symptomes du tout”). En particulier après une fécondation in vitro, il n’est pas rare d’avoir de grands ovaires à cause de la stimulation ovarienne et ceux-ci peuvent même changer de taille en cas de grossesse. L’augmentation de la taille des ovaires peut faire que la patiente se sente comme si elle allait avoir ses règles et qu’elle ait des crampes sans que cela soit pour autant un mauvais signe. C’est presque la même chose en ce qui concerne les saignements qu’ont certaines patientes avant le test de grossesse. C’est ce que l’on appelle “les saignements d’implantation” qui peuvent apparaitre après un traitement de fertilité et, même s’il est vrai que plus ils se produisent à une date rapprochée du test de grossesse et moins il est probable que celui-ci soit positif, les patientes pensent avoir leurs règles alors qu’il s’agit parfois simplement de pertes d’implantation.
4. Test de grossesse.
Il existe ici des différences entre les cycles stimulés (fécondation in vitro ou insémination artificielle) et ceux qui requiert un traitement hormonal substitutif (don d’ovules et cycles d’embryons congelés) puisque pour le premier groupe de traitements, la beta HCG (l’hormone détectée par le test de grossesse) s’utilise pour déclencher l’ovulation et peut se détecter dans le sang jusqu’à 10 jours après son administration ce qui peut provoquer un faux positif si l’on effectue le test trop tôt. Un test positif peut également être détecté avant, selon le nombre d’embryons qui ont été implantés, ainsi, avec plus d’un sac gestationnel les niveaux sont en général plus élevés et peuvent se détecté plus tôt. Il convient cependant d’être patiente et d’attendre les 14 jours suivant l’obtention des ovules (ou suivant le transfert d’embryons congelés ou d’un cycle de donation) puisqu’ avant cela il pourrait s’agir d’un faux négatif. Il faut attendre 2 semaines quoiqu’il en soit.
C’est tout pour l’instant. Je suis sûr que vous aurez d’autres doutes alors comme d’habitude je vous demande de ne pas hésiter à m’en faire part. Nous ferons de notre mieux pour vous aider à affronter ces deux semaines d’attente.