Entretien avec le Dr Ana Rabanal
Derrière chaque traitement d'assistance médicale à la procréation se cache une équipe de spécialistes qui travaillent avec précision et dévouement pour optimiser chaque étape du processus. Dans ce contexte, le rôle de l'embryologiste est fondamental : de la fécondation des ovules à la sélection de l'embryon ayant le plus grand potentiel d'implantation, son travail combine science, technologie et expérience afin d'augmenter les chances de succès des traitements de fertilité.
Pour en savoir plus sur cette profession passionnante et les avancées qui révolutionnent l'embryologie, nous avons rencontré le Dr Ana Rabanal, embryologiste et spécialiste de la procréation médicalement assistée. Dans cet entretien, nous explorons les processus clés au sein du laboratoire jusqu'à l'application des outils d'intelligence artificielle dans la sélection embryonnaire.
1. Qu'est-ce qui vous a motivée à vous consacrer à l'embryologie ?
La biologie est la science de la vie, et je pense qu'il n'y a pas de discipline plus intéressante. J'ai toujours été passionnée par la vie, par la façon dont elle se génère, se maintient, évolue, s'adapte...
2. D'un point de vue technique, quels sont les processus essentiels pour garantir la réussite de la fécondation des ovules dans un cycle de FIV ?
Il est sans aucun doute très important de diagnostiquer la cause de l'infertilité, mais tous ceux qui travaillent dans le domaine de la procréation assistée savent que, dans certains cas, nous ne trouvons pas la cause. À partir de là, nous disposons de techniques d'insémination très innovantes qui nous aident à optimiser le processus et à obtenir le plus grand nombre d'ovules fécondés possible. Nous disposons ainsi du plus grand nombre d'embryons possible afin de choisir celui qui présente le meilleur potentiel d'implantation.
3. Comment la génétique est-elle utilisée dans le processus embryonnaire et quels sont les outils essentiels pour un diagnostic génétique préimplantatoire (DPI) ?
La génétique des embryons s'exprime parfois d'un point de vue morphologique, mais ce n'est souvent pas le cas. Nous pouvons disposer d'un embryon de très bonne qualité, mais qui est néanmoins porteur d'une chromosomopathie. C'est dans ces cas, et généralement en raison des antécédents cliniques, que nous pouvons étudier la génétique de l'embryon grâce à la technique du diagnostic génétique préimplantatoire . Pour cela, nous réalisons une biopsie de la couche externe de cellules de l'embryon (trophoectoderme) et nous pouvons demander une étude génétique de ces cellules. Nous pouvons ainsi connaître la génétique de l'embryon et écarter ceux qui sont porteurs de chromosomopathies. Le processus est très délicat afin de ne pas interférer avec la viabilité de l'embryon, c'est pourquoi il est très important qu'il soit réalisé par des mains expertes. Ainsi, le processus de biopsie, bien qu'invasif, n'affectera ni les embryons ni leur viabilité.
4. En ce qui concerne les incubateurs et les systèmes de surveillance, quel est leur impact sur le développement des embryons et la prise de décision ?
La révolution que nous, embryologistes, avons connue depuis que nous disposons de ces incubateurs avec surveillance continue de l'embryon est impressionnante. Grâce au système Time-Lapse, nous avons pu observer tout le processus de développement embryonnaire et nous avons beaucoup appris sur l'embryon. Souvent, ces systèmes de surveillance nous aident à écarter des embryons qui ont connu des anomalies au cours de leur développement et que nous n'aurions pas pu détecter sans surveillance. C'est très important, car il s'agit d'embryons dont la qualité finale nous semblerait optimale, mais dont le taux d'implantation serait beaucoup plus faible que prévu.
5. La sélection de l'embryon ayant la plus grande capacité d'implantation est essentielle dans un cycle de FIV. Outre l'évaluation morphologique et le time-lapse, comment les outils basés sur l'intelligence artificielle, tels que l'IDAScore, révolutionnent-ils ce processus ?
Pour nous, embryologistes, il s'agit d'un domaine très nouveau que nous sommes encore en train d'apprendre, mais il ne fait aucun doute qu'il va révolutionner le domaine de la reproduction assistée . Les limites des humains par rapport aux machines sont évidentes, et ce qui nous distingue d'elles, c'est l'apprentissage et l'expérience. Mais ce système d'IA apprend avec les embryons, ce qui, associé à notre expérience en tant qu'embryologistes, nous permet de prendre des décisions plus éclairées concernant les embryons. Il s'agira sans aucun doute d'un outil indispensable dans les laboratoires au cours des prochaines années.
6. Enfin, quel est l'impact de l'expérience de l'embryologiste dans la prise de décisions critiques au sein du laboratoire ?
L'expérience des embryologistes est sans aucun doute un atout très important dans un laboratoire de procréation assistée. Cette expérience ne s'acquiert qu'au fil des années, au cours desquelles les biologistes ont pu être confrontés à d'innombrables situations qu'ils ont résolues. Cet apprentissage professionnel est donc essentiel pour qu'un laboratoire obtienne des résultats optimaux. L'élaboration de protocoles et la résolution des problèmes qui peuvent survenir au quotidien dans le laboratoire seront sans aucun doute abordées avec assurance et professionnalisme par un embryologiste expérimenté. Cette décision apportera sans aucun doute sécurité et tranquillité d'esprit à l'équipe, qui apprendra à son tour à devenir experte dans un avenir proche.
Le travail de l'embryologiste est une combinaison de connaissances, de précision et de technologie en constante évolution. Nous remercions le Dr Ana Rabanal d'avoir partagé son expérience et de nous avoir aidés à mieux comprendre le rôle essentiel qu'elle joue dans les traitements de fertilité. Chez Barcelona IVF , nous continuons à miser sur l'innovation et la rigueur scientifique afin d'offrir à nos patients les meilleures chances sur le chemin de la maternité et de la paternité.